Lettre de Juliette Drouet à Victor Hugo, 3 juin jeudi midi 3/4 1847

JULIETTE DROUET A VICTOR HUGO 3 juin jeudi midi ¾ [1847]Je suis occupée à me colleter avec mon rhume de cerveau et je lui tire le nez tant que je peux afin de le dégoûter de ma compagnie le plus tôt possible. Je serai prête à aller te chercher tantôt et même à aller te conduire si tu veux. Décidément je me fiche de mon rhume et je lui dis le premier mot de la gamme. …zut . C’est le mot sacramental dans toutes les circonstances graves. C’est le moment ou jamais de m’en servir avec succès - de faire du coup de SEPT !!! Cela ne m’a pas empêchée d’envoyer payer les impositions aujourd’hui. Ce qui fait que je n’ai pas le sou et que je n’en suis pas plus fière pour cela. J’attendais ma couturière ce matin il paraît qu’elle me fait faux bon ce qui ne m’amuse pas parce que je suis sûre qu’elle viendra dans un moment où elle me gênera. Demain matin à 6 h les maçons viendront poser ma fenêtre puis j’aurai les vitriers et le peintre le reste de la journée puis un autre jour les tapissiers et tout ce qui s’en suit ce qui va me faire encore une semaine laborieuse et surtout ennuieuse. Encore di au bout de tout cela vous me donniez une culotte de rabibochage je ne me plaindrais pas tant sans faute et le crierais de toutes mes forces… quel bonheur ! Juliette.MVH a7916Transcription de Michèle Bertaux