Parade

Sur des tréteaux installés près d’un chapiteau de cirque, un personnage perruqué et vêtu à la mode de l’ancien régime, bonimenteur (Casimir Périer ?), tient une fiole, emballée dans du papier sur lequel se lisent les mots « LISTE // CIVILE // 1800000 !! », et dont le goulot est couvert par un bonnet phrygien. Il proclame devant les spectateurs (certains ont l’air effrayé ou ébahi) rassemblés au pied des tréteaux les mots contenus dans la légende. Derrière lui se trouve le député Jean-Charles Persil en habit de magistrat, agitant une cloche de la main dte. Derrière lui, dans la partie dte de la composition, au second plan, des musiciens (l’un joue de la grosse caisse et des cymbales, un autre du tambour. Tous ont l’air de chanter car ils ont la bouche grande ouverte). Au-dessus du chapiteau, un funambuliste est assis sur un fil. Un personnage habillé en pierrot est agenouillé devant une caisse sur laquelle il semble ajuster un bonnet phrygien sur le goulot d’une autre bouteille. A l’arrière-plan, un homme propose aux passants d’entrer dans la tente pour voir la République, qui s’y trouve symboliquement. La pl. met en lumière le décalage entre les mots prétendûment prononcés par La Fayette « la monarchie constitutionnelle était la meilleure des républiques » le 1er août 1830 (significative des espoirs placés dans le nouveau régime) et la décision d’accorder 18 millions de francs à la Liste Civile du roi Louis-Philippe. Le 15 décembre 1830, Jacques Laffitte avait présenté un projet de loi fixant la dotation annuelle de la liste civile à 18 millions, mais cette proposition avait suscité un tel tollé que le ministère avait préféré la retirer. D’après la pl., la république du régime de Juillet est un échec, contrairement au succès rencontré aux Etats-Unis. La pl. dénonce l’importance du montant de la liste civile de Louis-Philippe et la désigne ironiquement par le terme « bagatelle » dans la légende. Le goulot de la bouteille symbolisant la liste civile est couvert d’un bonnet phrygien comme pour lui donner un semblant d’apparence républicaine et, par conséquent, tromper le peuple. Sur la même thématique foraine, cf. la pl. 55 du numéro 28 de La Caricature.