Statue antique

Parodie de l’œuvre sculptée "Hercule Farnèse", découverte en 1546 dans les ruines des Thermes de Caracalla (conservée à Naples, au musée archéologique national). Copie romaine du IIIe siècle, d’après l’original grec réalisé par Lysippe au IVe siècle après J.-C (perdu). La pl. lithographiée par Traviès représente le roi Louis-Philippe en Hercule, dans la même attitude que la sculpture romaine. Alors que dans l’œuvre originale la peau du lion de Némée est posée sur une massue sur laquelle s’appuie Hercule, c’est autour des épaules du roi que la peau de lion se trouve dans la pl. Louis-Philippe porte un pantalon descendant jusqu’aux genoux. Au lieu de présenter une forte musculature, le roi est gras et ventripotent. La massue est remplacée par un parapluie. Il ne tient pas les pommes du jardin des Héspérides à la main, mais un chapeau haut de forme contenant des boulets de canon. A ses pieds, à gche, reposent des maquettes de maisons en flamme, délabrées, des boulets, des tonneaux troués, et une grosse bombe, à dte. L’explication résume le propos de la représentation : « une nouvelle et fort piquante matérialisation de ce Système doctrinaire qui est gras du plus lourd budget connu, qui est gros de violence, et qui ne cherche plus à convaincre le pays de son excellence, que par la mitraille, le boulet, la bombe, l’incendie, la sape, la mine, le pétard, et autres argumens [arguments] de même force ». Ainsi, la pl. dénonce la violence usée par le gouvernement de la monarchie de Juillet à l’égard de la population française, ainsi que le climat de suspicion systématique qui lui fait procéder à des arrestations. Le repos d’Hercule lui est salutaire puisqu’il est venu à bout des douze travaux. Le repos de Louis-Philippe, en revanche, n’est pas mérité d’après la pl., puisque c’est de la fatigue engendrée par la violence qu’il exerce sur les Français qu’il se repose. Plus précisément, c’est une critique de la répression violente diligentée par le roi le 13 avril 1834 contre les artisans lyonnais. La peau de lion prend alors, dans ce contexte, tout son sens, par le biais d’un jeu de mots entre « lion » et « Lyon ».