Honorine et le narrateur (Maurice de l'Hostal)

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Honorine et le narrateur (Maurice de l'Hostal)
Maison de Balzac / Roger-Viollet
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Other visual (1)
Couple - Homme - Femme - Bouquet de fleurs - Chaise - Table - Vaisselle
Honorine et le narrateur (Maurice de l'Hostal)
Huard, Charles
Dating
Entre 1910 et 1950
Museum
Maison de Balzac
Creator(s)
Huard, Charles (Poncey-sur-l'Ignon, 02–06–1874 - Poncey-sur-l'Ignon, 30–03–1965), dessinateur
Dates
Entre 1910 et 1950
Object type(s)
Museum number
BAL 99-90
Honorine et le narrateur (Maurice de l'Hostal)

Detailed informations

Creator(s)
Huard, Charles (Poncey-sur-l'Ignon, 02–06–1874 - Poncey-sur-l'Ignon, 30–03–1965), dessinateur
Gusman, Pierre (Paris, 06–12–1862 - Grosrouvre, en 1942), graveur
Production date
Entre 1910 et 1950
Object type(s)
Dimensions - Oeuvre:
  • Hauteur : 5.9 cm
  • Largeur : 9.7 cm
  • Epaisseur : 2.356 cm
Description

Matrice pour l'illustration de Honorine, Etudes de moeurs, Scènes de la vie privée de La Comédie humaine 4, volume 4, Paris, Editions Conard, 1910-1950, p.363

Iconographical description

Honorine est assise à la table en bois recouverte d'une nappe sur laquelle elle réalise des bouquets de fleurs artificielles. En face d'elle sur la table se trouvent un bouquet et divers bols et outils nécessaires à son travail. Elle est concentrée sur la confection d'une fleur qu'elle tient dans les mains. A ses côtés de trouve le narateur de l'extrait ci-après, Maurice de l'Hostal, qui la regarde attentivement."Nous arrivâmes en quelques jours à une confiance engendrée par le voisinage et par la certitude où fut la comtesse de ma complète indifférence pour les femmes. Un regard aurait tout compromis, et jamais je n'eus une pensée pour elle dans les yeux ! Honorine voulut voir en moi comme un vieil ami. Ses manières avec moi procédèrent d'une sorte de compassion. Ses regards, sa voix, ses discours, tout disait qu'elle était à mille lieues des coquetteries que la femme la plus sévère se fût peut-être permises en pareil cas. Elle me donna bientôt le droit de venir dans le charmant atelier où elle faisait ses fleurs, une retraite pleine de livres et de curiosités, parée comme un boudoir, et où la richesse relevait la vulgarité des instruments du métier. La comtesse avait, à la longue, poétisé, pour ainsi dire, ce qui est l'antipode de la poésie, une fabrique. Peut-être, de tous les ouvrages que puissent faire les femmes, les fleurs artificielles sont-elles celui dont les détails leur permettent de déployer le plus de grâces. [...] la fabrication des fleurs et celle des modes nécessitent une multitude de mouvements, de gestes, des idées même qui laissent une jolie femme dans sa sphère : elle est encore elle-même, elle peut causer, rire, chanter ou penser. Certes, il y avait un sentiment de l'art dans la manière dont la comtesse disposait sur une longue table de sapin jaune les myriades de pétales colorés qui servaient à composer les fleurs qu'elle avait décidées. Les godets à couleur étaient en porcelaine blanche, et toujours propres, rangés de façon à permettre à l'oeil de trouver aussitôt la nuance voulue dans la gamme des tons. La noble artiste économisait ainsi son temps. Un joli meuble d'ébène, incrusté d'ivoire, aux cent tiroirs vénitiens, contenait les matrices d'acier avec lesquelles elle frappait ses feuilles ou certains pétales. Un magnifique bol japonais contenait la colle qu'elle ne laissait jamais aigrir, et auquel elle avait fait adapter un couvercle à charnière, si léger, si mobile qu'elle le soulevait du bout du doigt. Le fil d'archal, le laiton se cachaient dans un petit tiroir de sa table de travail, devant elle. Sous ses yeux, s'élevait, dans un verre de Venise, épanoui comme un calice sur sa tige, le modèle vivant de la fleur avec laquelle elle essayait de lutter. Elle se passionnait pour les chefs-d'oeuvre, elle abordait les ouvrages les plus difficiles, les grappes, les corolles les plus menues, les bruyères, les nectaires aux nuances les plus capricieuses. Ses mains, aussi agiles que sa pensée, allaient de sa table à sa fleur comme celles d'un artiste sur les touches d'un piano. Ses doigts semblaient être fées, pour se servir d'une expression de Perrault, tant ils cachaient, sous la grâce du geste, les différentes forces de torsion, d'application, de pesanteur nécessaires à cette oeuvre, en mesurant avec la lucidité de l'instinct chaque mouvement au résultat. Je ne me lassais pas de l'admirer montant une fleur dès que les éléments s'en trouvaient rassemblés devant elle, et cotonnant, perfectionnant une tige, y attachant les feuilles. Elle déployait le génie des peintres dans ses audacieuses entreprises, elle copiait des feuilles flétries, des feuilles jaunes ; elle luttait avec les fleurs des champs, de toutes les plus naïves, les plus compliquées dans leur simplicité. -- « Cet art, me disait-elle, est dans l'enfance. Si les Parisiennes avaient un peu du génie que l'esclavage du harem exige chez les femmes de l'Orient, elles donneraient tout un langage aux fleurs posées sur leur tête. J'ai fait, pour ma satisfaction d'artiste, des fleurs fanées avec les feuilles couleur bronze florentin comme il s'en trouve après ou avant l'hiver... Cette couronne, sur une tête de jeune femme dont la vie est manquée, ou qu'un chagrin secret dévore, manquerait-elle de poésie ? Combien de choses une femme ne pourrait-elle pas dire avec sa coiffure ? N'y a-t-il pas des fleurs pour les bacchantes ivres, des fleurs pour les sombres et rigides dévotes, des fleurs soucieuses pour les femmes ennuyées ? La botanique exprime, je crois, toutes les sensations et les pensées de l'âme, même les plus délicates ! » Elle m'employait à frapper ses feuilles, à des découpages, à des préparations de fil de fer pour les tiges. Mon prétendu désir de distraction me rendit promptement habile. Nous causions tout en travaillant. Quand je n'avais rien à faire, je lui lisais les nouveautés, car je ne devais pas perdre de vue mon rôle, et je jouais l'homme fatigué de la vie, épuisé de chagrins, morose, sceptique, âpre. Mon personnage me valait d'adorables plaisanteries sur la ressemblance purement physique, moins le pied bot, qui se trouvait entre lord Byron et moi."(extrait d'"Honorine", 1843)

Thèmes / Sujets / Lieux représentés :
Acquisition date
1999
Institution
Museum number
BAL 99-90

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Theme representé

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