Le sommeil

Le collectionneur de tableaux Khalil-Bey s'intéresse à Gustave Courbet comme peintre de la femme et de la sensualité. En effet, il lui a commandé le présent tableau mais aussi "L"origine du monde" (1866) conservé au Musée d'Orsay. / Cartel : Diplomate turc installé à Paris, Khalil-Bey rassemble une éphémère collection tournée vers l'art de son temps, achetant des tableux de Delacroix, Chassériau, ou Théodore Rousseau. Premier acquéreur en 1865 de l'ultime chef-d'œuvre d'Ingres, Le Bain turc (musée du Louvre), il s'intéresse à Courbet come peintre de la femme et de la sensualité. Dans cette œuvre de commande, Courbet a librement transposé le langage du sérail orientaliste en situant la scène dans l'atmosphère confinée d'une chambre visiblement luxueuse. Le tableau trouve son origine dans les gravures licencieuses du XVIIIe siècle et dans les évocations littéraires de l'amour lesbian, mais il est avant tout fidèle à l'univers de réalisme et de volupté propre à son auteur. Khalil-Bey lui commandera également L'Origine du monde (musée d'Orsay). Comme l'avait fait Manet avec l'Olympia en 1863 (musée d'Orsay), Courbet oppose ici deux types de beauté féminine en jouant sur le contraste des carnations et des chevelures. Courbet, qui s'est formé en copiant les chef-d'œuvre du passé, se confronte ici à l'exemple de deux grands maîtres du nu féminin, Titien et Rembrandt.