Vous êtes tous des monstres

Deux jeunes femmes se tenant par le bras s'éloignent d'un homme qui avance vers elles les mains fourrées dans son gilet avec autorité. Monnier et Balzac inspirés par les mêmes situations, se rejoignent souvent dans leurs descriptions des moeurs de leurs contemporains, l'un par le dessin l'autre par l'écriture." Elle ne voulait pas qu'Eugène la crût une facile conquête, précisément parce qu'il savait qu'elle avait appartenu à de Marsay. Enfin, après avoir subi le dégradant plaisir d'un véritable monstre, un libertin jeune, elle éprouvait tant de douceur à se promener dans les régions fleuries de l'amour, que c'était sans doute un charme pour elle d'en admirer tous les aspects, d'en écouter longtemps les frémissements, et de se laisser longtemps caresser par de chastes brises. Le véritable amour payait pour le mauvais." (Extrait du Père Goriot, 1835, Honoré de Balzac)