Ateliers d’artistes

Souvent, l’atelier est accolé au lieu d’habitation de l’artiste ; c’est parfois au sein de l’atelier lui-même que l’artiste dort et vit, seul ou en famille. Trois musées de la Ville de Paris sont aujourd’hui installés dans des anciens ateliers d’artistes : le musée Zadkine, le musée Bourdelle et le musée de la Vie romantique.

L’atelier est le lieu dans lequel l’artiste se replie et peut s’abandonner seul à sa création. De nombreux parallèles peuvent alors être dressés entre l’atelier de l’artiste plasticien et celui de l’écrivain, seul à son pupitre ou son bureau. Les maisons de Balzac et de Victor Hugo à Guernesey évoquent dans leurs collections respectives ce lieu si emblématique où l’œuvre naît, progressivement, sous la plume de l’artiste. Mais l’atelier d’artiste peut également se transformer en une ruche grouillant de visiteurs, d’élèves, d’amis ou de proches. Le terme « atelier » désigne d’ailleurs, par extension, dans le domaine de l’histoire de l’art, un collectif de collaborateurs, aides ou élèves d’un même maître. De même, les scènes illustrant la pratique collective, au sein des écoles de beaux-arts ou des académies – avec une prédominance des cours de modèle vivant – sont un sujet de représentation fréquent des artistes.

Le thème de l’atelier d’artiste a traversé toute l’histoire de la peinture occidentale avant de devenir également un sujet privilégié de la photographie, comme l’illustre l’exposition Dans l’atelier, présentée du 5 avril au 17 juillet au Petit Palais. Ces vues d’atelier, peintes ou photographiées, possèdent une valeur documentaire, témoignant par l’image de l’évolution de la vie et des pratiques artistiques, parfois une dimension promotionnelle, mais témoignent également du fait que l’atelier est un sujet d’inspiration en soi, en lien avec l’émergence au XIX^e siècle de la figure de l’artiste « romantique », objet de fantasmes et de fascination. Cette fascination se reflète également dans la littérature du XIX^e siècle. On pense bien entendu au Chef-d’œuvre inconnu d’Honoré de Balzac ou encore à L’œuvred’Émile Zola, où l’atelier d’artiste y est décrit, en un patchwork d’éléments tirés du réel et de détails romancés.