Louis Boulanger à Victor Hugo

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Louis Boulanger à Victor Hugo
CC0 Paris Musées / Maisons de Victor Hugo Paris – Guernesey
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Louis Boulanger à Victor Hugo
Boulanger, Louis Candide
Datation
27–10–1828
Musée
Maison de Victor Hugo - Hauteville House
Auteur(s)
Boulanger, Louis Candide (Vercelli, 11–05–1806 - Dijon, 05–03–1867), auteur du texte
Dates
27101828
Datation en siècle
Type(s) d'objet(s)
Dénomination(s)
Matériaux et techniques
Numéro d’inventaire
a591

Informations détaillées

Auteur(s)
Boulanger, Louis Candide (Vercelli, 11–05–1806 - Dijon, 05–03–1867), auteur du texte
Date de production
27101828
Datation en siècle
Type(s) d'objet(s)
Dénomination(s)
Matériaux et techniques
Dimensions - Oeuvre:
  • Hauteur : 29.6 cm
  • Largeur : 21.2 cm
Description

Un double feuillet, trois pages manuscrites

Marques, inscriptions, poinçons
Inscription manuscrite - « Vaudherland ce 27 octobre 1828 / Mon bon ami je commence par vous embrasser et vous demander des nouvelles de Mme Hugo et de vos enfans ; je comptais retourner plutôt près de vous, mais ma misérable santé m’en a empêché, après avoir été beaucoup mieux pendant plusieurs jours, voilà que j’ai recommencé à tousser comme avant, je crois qu’une course un peu longue en a été la cause. Vous m’aviez donné une telle envie de voir l’Église de Saint Denis qui est à trois lieues de Vaudherland que je ne pus m’empêcher d’y aller ; vous savez que [je] n’aime pas beaucoup la campagne en voiture ; je partis donc à pieds par une belle journée de la mi-octobre alors que dans les champs on voit flotter par l’air de grands fils blancs qui semblent échapper aux quenouilles des magiques fileuses, le plus beau soleil brillait au haut du ciel et dardait ses rayons bienfaisants sur la nature, qui s’embellit de plus en plus à mesure qu’elle approche de sa fin. Les hauts peupliers jaunes les feuilles rouges des arbres sur lesquels on dirait qu’est tombée une rosée de sang les grands chardons desséchés les herbes poudreuses sur la crête du champ qui borde la route les terres labourées et brunes formaient un contraste admirable avec les prairies verdoyantes bordées de lignes violettes et semées çà et là de charmes d’une teinte encore [brillante], parfois le soleil formait au milieu de ces plaines des lacs étincelants . Je marchais doucement pensant à vous, cher Victor, à mes projets de peinture, répétant vos admirables vers, j’étais heureux : il me manquait pourtant beaucoup, j’allais voir une belle chose et je n’étais pas avec vous. Après avoir passé plusieurs villages j’arrivais dans une grande plaine qui s’étend devant Saint Denis et je vis un effet magnifique. Le disque d’or du soleil était alors placé sur la pointe de la grande aiguille, et lui donnait l’aspect d’un génie immense à la tête éblouissante, vêtu d’un tissu brillant. Malheureusement c’est une beauté que le pauvre pinceau des peintres ne pourra jamais rendre. Dieu quels portraits ! quelle imposante merveille ! jugez de mon plaisir, il avait plus de quatre ans que je l’avais vue. J’ai frémi malgré moi en pensant que vous vous étiez logé dans ces clochetons sans balustrades qui d’en bas m’ont paru ne pouvoir à peine contenir qu’une personne, je n’en ferais pas autant. J’ai vu en entrant, le magnifique tombeau du roi Dagobert, dont vous m’avez fait une description si juste et si poétique : « L’auteur des gestes de Dagobert, dit St Foix] rapporte que ce prince étant mort fut condamné au jugement de Dieu, et qu’un Saint Hermite nommé Jean qui demeurait sur les côtes de la mer d’Italie, vit son âme enchaînée dans une barque, et des démons qui la rouaient de coups en la conduisant vers la Sicile où ils devaient la précipiter dans les gouffres de l’Etna, quand St Denis avait tout à coup paru dans un globe lumineux, et qu’ayant mis en fuite // ces mauvais esprits et arraché cette pauvre âme des griffes du plus acharné, il l’avait portée au ciel en triomphe » Que les deux figures de femme des deux côtés du tombeau sont délicieuses ! surtout celle qui tient un livre dans sa main droite, que ces anges sont fins et gracieux ! quel art admirable. Les figures de Louis XII et de François premier sont d’une exécution superbe, malheureusement l’heure avancée ne me permit pas de visiter toute l’église comme j’en avais le projet. Je partis à regret me retournant bien souvent et j’allais me reposer dans la pleine. Le soleil pourpre jetait alors sur l’herbe verte un long sillon de feu, tandis que dernière moi sur un ciel bleuâtre et froid se détachait la lune pâle entourée d’une légère écharpe rose, éclairant un horizon monotone au-dessus duquel se levait parfois quelque nuage isolé, ou les ailes grises d’un moulin. Qu’il est doux de rêver aux heures du couchant ! tous les objets prennent alors des formes nouvelles, un sombre massif d’arbres aux coins desquels s’élancent de frêles peupliers, me semble un vieux château flanqué de ses tourelles, à travers les arbres du bois la petite fumée s’échappant de la cabane du bûcheron, est pour moi le panache d’un guerrier, poursuivant quelque haute entreprise, dans quelques pauvres femmes qui marchent courbées le long de la lisière, je crois voir les horribles vieilles de Goya allant à la recherche de leur abominable souper... mais tandis que je rêvais, le soleil à moitié coupé par la colline derrière laquelle il allait se coucher, m’avertit de m’en aller, et je regagnai mon village à la faveur d’un beau clair de lune. Pardon de tout ce bavardage cher ami, mais j’aime à vous faire part de mes sensations au risque de vous paraitre ridicule, je ne puis cependant // m’empêcher de rire en pensant que je ne le ferai avec nul autre et que je vous ennuie par excès d’amitié. Mais je sais que vous êtes si aimable et si indulgent pour moi que cela me rassure. Dites-moi ce que vous avez fait de nouveau ; pour moi j’ai été très paresseux, je n’ai presque rien fait depuis que je vous ai quitté la seconde fois, je sens que j’ai grand besoin d’aller me retremper près de vous, ce que je ferai bientôt. Adieu. Donnez-moi je vous prie des nouvelles de la santé de Mr Foucher, et dites bien des choses de ma part à tous nos bons amis. / Louis Boulanger qui vous aime de tout son cœur. »
Commentaire historique

Cette lettre présente les mêmes caractéristiques que celle inventoriée sous le n° 579. Toutes deux sont écrites à Vaud’herland, petit village au Nord-Est de Paris près de Gonesse et de Roissy-en-France et évoquent des problèmes de santé. Elles ont posé des problèmes de datation, l’année mentionnée ici ayant été lue comme « 1838 ». Cette dernière doit cependant être lue « 1828 ». Les nouvelles que Boulanger demande de « Mme Hugo et de vos enfans » fait allusion à la naissance de [François-]Victor, quelques jours plus tôt, le 21 octobre.

Mode d'acquisition
Nom du donateur, testateur, vendeur
Date d’acquisition
06071950
Numéro d’inventaire
a591

Indexation

Datation en siècle

  • 2e millénaire
    • 19e siècle (109 898)
      • 1ère moitié du 19e siècle
        • 2e quart du 19e siècle

Type(s) d'objet(s)

Dénomination(s)

Matériaux et techniques

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