Un pauvre diable paye ses bottes

La scène se déroule dans un hall garnis de colonnes. En arrière-plan des joueurs de cartes sont attablés. Devant la table, au sol, sont alignées plusieurs paires de bottes. Un domestique, la taille ceinte d'un tablier et un balai à la main reconduit vers la sortie un homme à la mine penaude tenant son chapeau ainsi qu'un billet d'une main et une paire de bottes de l'autre. Acteur, dramaturge et dessinateur, Henry Monnier a contribué à illustrer La Comédie humaine. Ses gravures des Mœurs administratives, et surtout sa pièce de théâtre Scènes de la vie bureaucratique, ont manifestement inspiré Balzac pour son roman La Femme supérieure, rebaptisé Les Employés. Les mêmes références aux mœurs de leur temps ont souvent inspiré parallèlement les deux artistes sur de nombreux sujets comme on peut le constater dans l’extrait suivant :"Le brave homme, qui adorait Coralie, regardait les bottes et n'osait lever les yeux sur sa maîtresse.-- Dois-je prendre la mouche pour cette paire de bottes et quitter Coralie ? La quitter ! ce serait se fâcher pour peu de chose. Il y a des bottes partout. Celles-ci seraient mieux placées dans l'étalage d'un bottier, ou sur les boulevards à se promener aux jambes d'un homme. Cependant, ici, sans jambes, elles disent bien des choses contraires à la fidélité. J'ai cinquante ans, il est vrai : je dois être aveugle comme l'amour." [Extrait de Illusions perdues, par Honoré de Balzac]