Lettre de Juliette Drouet à Victor Hugo, 13 janvier lundi matin 11h 1851

Inscription manuscrite - 13 janvier 1851, lundi matin 11hIl faut que je sois prête à midi ½ c’est dur pour une femme qui à toutes fortes choses à faire. Encore si c’était pour rester avec vous tout le reste de la journée, je ne me plaindrais pas et je serais prête bien avant l’heure. Mais pour vous voir en courant comme une pauvre dératée, que je ne suis pas, pendant le trajet d’ici à la chambre ça n’est vraiment pas encourageant. Cependant je ne veux pas laisser la seule occasion que j’ai de vous voir et je vais me dépêcher bien vite de m’habiller.En te quittant j’irai acheter un parapluie dont nous avons le plus grand besoin et je verrai à faire arranger l’autre pour quant il pleuvra…….. Le soir. J’ai encore un autre projet que je vous dirai plus tard et même que je ne vous dirai pas parce que vous vous y opposeriez tyranniquement. En attendant j’ai écrit à cette jeune [sic], que je n’irai pas chez elle demain. J’ai beaucoup mieux à faire car j’ai à vous attendre……..inutilement hélas ! Votre bonne volonté et la politique aidant. Quelle stupide politique, quel absurde gouvernement, quel animal de président, quels cochons de représentants, quel bête de pays et quelle aimable Juju tout cela fait. Rien que d’y penser l’eau vous en vient à la bouche, voime, voime fort agréable c’est dommage qu’on ne puisse pas les flanquer par la fenêtre d’un seul et même coup, cela viendra je l’espère avec les choses qui se passent et la moutarde qui monte au nez. De tous ces pauvres dindons plumés, flambés et pas contents. Quant à moi, je m’insurge depuis les pieds jusqu'à la tête, et j’arbore la démagogie, l’anarchie, la logomachie et l’ineptie sans le reste. Nous verrons si vous tiendrez long-temps contre ce gâchis [salmigondis] et margouillis que vous vous serez attiré à plaisir. En attendant baisez-moi affreux révolutionnaire. Juliette